Du président: Juillet 2019

English

J’ai bien apprécié ma première visite officielle en Afrique à la Conférence africaine de WONCA à Kampala en Ouganda. Des délégués de 32 pays étaient venus partager leur enthousiasme et leurs expériences concernant le développement de la médecine familiale à travers le continent et au-delà. Les soins de santé primaire centrés sur l’individu étaient au cœur de la conférence. C’était une excellente occasion pour encourager toujours davantage les étudiants en médecine y participant à poursuivre leur carrière dans les soins primaires. Le contenu des débats et des événements de la conférence a montré clairement l’engagement des médecins de famille en Afrique à l’assurance-santé universelle, aux soins de santé primaire et à l’établissement d’équipes de soins à l’échelle de l’Afrique. L’enthousiasme et l’engagement des participants étaient palpables et de bon augure pour le futur développement des soins primaires dans la région. Nous souhaitons bonne chance à nos collègues africains dans leurs efforts de promotion du rôle de la médecine familiale en Afrique lors de la réunion de haut niveau aux Nations Unies concernant l’assurance-santé universelle à New York en septembre 2019.

La participation lors de la conférence du directeur intérimaire des Régimes de santé du bureau régional Afrique de l’OMS a été particulièrement bienvenue. Les présidents successifs de WONCA Afrique et de WONCA Monde ont été déçus dans le passé par le manque d’engagement de l’OMS au niveau du bureau régional Afrique. Comme suite à la signature du protocole d’entente avec l’OMS et à l’encouragement du directeur général de l’OMS pour un engagement accru entre WONCA et les bureaux régionaux et nationaux de l’OMS, nous avons redoublé nos efforts. Nous accueillons sans réserve la nouvelle collaboration entre l’OMS et WONCA en Afrique et nous sommes prêts à développer de futures collaborations.

Au sein de WONCA nous devons être attentifs à la déstabilisation de la profession de médecine familiale and à son rôle essentiel dans la prestation de services de soins primaires intégrés aux communautés au plan international. L’objectif global de l’assurance-santé universelle ne peut être atteint sans une qualité de soins de santé primaire intégrés, livrés par des équipes de soins primaires compétentes et professionnelles. Sans tenir compte des capacités en ressources des pays du monde, l’ambition, si ce n’est la réalité immédiate, devrait comprendre suffisamment d’équipes de soins de santé primaire afin d’offrir un service de soins de santé primaire intégrés centré sur la personne. De leur point de vue d’individus, les divers membres de l’équipe de soins de santé primaire peuvent fournir un certain soutien sanitaire aux populations. Travaillant ensemble en tant qu’équipe de soins primaires, l’impact peut être bien plus grand que celui de personnes travaillant en isolation.

Le récent éditorial de British Medical Journal (référence BMJ 2019; 365:12391 doi: 10.1136/bmj.12391 publié le 3 juin) concerne 45 000 professionnels de la santé communautaire au Rwanda qui servent de « lien fonctionnel entre les communautés et les structures sanitaires telles que les hôpitaux ». Ceci peut être la réalité actuelle. Ce n’est pas ambitieux. Ce n’est pas la prestation des services de soins de santé primaire intégrés centrés sur la personne promise dans la Déclaration d’Astana. Afin de fournir un système intégré aux communautés, le « lien fonctionnel » entre une communauté et les services de santé devrait être une équipe de soins qualifiée et compétente menée et coordonnée par un médecin de famille qualifié. Les partenaires de développement -bilatéraux et multilatéraux- ainsi que les gouvernements nationaux devraient être encouragés à investir dans le développement des membres d’équipe de soins primaires afin d’atteindre la promesse d’Astana. La réaction des participants à l’éditorial de BMJ lors de la conférence WONCA Afrique a été immédiate et a produit une forte réponse en cours de rédaction et de soumission par les participants. Réponse des participants

Comme suite à nos travaux à l’Assemblée mondiale de la santé en mai dernier et à la lumière de suggestions récentes quant aux prestataires de soins de santé primaire intégrés, WONCA entreprendra une recherche globale sur l’efficacité des prestations de soins primaires basés sur des équipes qualifiées. Nous allons collaborer avec l’OMS et les collègues de toute la gamme de professionnels de la santé primaire afin de représenter la réalité ainsi que l’aspiration quant à l’amélioration de l’efficacité des équipes de prestation des soins de santé primaire et de l’efficacité en termes de coût des soins de santé pour la communauté. Bien sûr, les équipes de soins de santé primaire devraient être adaptées aux besoins des différents pays et communautés. C’est pourquoi il n’existe pas d’approche universelle pour la composition d’une équipe de soins de santé primaire. Les professionnels faisant partie d’une équipe de soins primaires seront différents en fonction des besoins de santé, des ressources disponibles, du temps nécessaire à la formation professionnelle et de tout un assortiment d’autres variables. C’est l’engagement à la création d’une équipe, elle-même, qui est critique à la bonne mise en œuvre d’un système de soins de santé primaire intégrés. Nous voulons démontrer qu’il s’agit là d’une réalité possible, même dans des situations où les ressources sont limitées et d’ailleurs, que même dans des situations aux ressources limitées, c’est un moyen plus efficace d’offrir des soins de santé primaire complets.

Donald Li
Président de WONCA

Traduit de l’anglais par Josette Liebeck
Certifiée NAATI