Du président: Mars 2020

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C’est avec tristesse mais sans surprise que je continue à écrire au sujet de l'impact du COVID-19, ou de ce que l'on continue à appeler familièrement le Coronavirus. Alors que la maladie se propage et que les efforts pour la contenir deviennent de plus en plus vigoureux, il est important de reconnaître et d'honorer les médecins de famille et les équipes de soins primaires en tant que personnel clinique de première ligne. Les médecins de famille de toute la Chine et d'un nombre croissant d'autres pays réagissent à la crise se basant sur les meilleures informations et ressources disponibles. Les recherches se poursuivent à un rythme soutenu pour déterminer la cause et la mutation du virus : beaucoup de connaissances ont déjà été acquises. Mais il faudra attendre quelques mois avant de pouvoir disposer d'un antidote ou d'un vaccin contre le virus. D'ici là, les patients présentant des symptômes, ainsi que les personnes qui n’en ont pas mais auraient été en contact avec une personne atteinte du virus, s'isolent ou sont placés en isolement pendant la période d'incubation requise.

Les médecins de famille du monde entier ont accès à des informations qui les aident à prendre des décisions éclairées sur des symptômes grippaux, certes parfois vagues, et sur ce qu'il faut faire pour alerter les organismes de santé publique d'un cas éventuel. En outre, les médecins de famille doivent également s'occuper des personnes « inquiètes sans fondement » dont certaines présentent un niveau élevé d'anxiété quant à la possibilité de contracter le virus, même si cela est extrêmement peu probable, et de celles qui sont déjà vulnérables en raison de comorbidités préexistantes et de leur âge. Le rôle central des soins primaires dans la préparation et la réponse aux situations d'urgence est un sujet sur lequel j'ai écrit et parlé tout au long de ma présidence de WONCA. La dernière publication à ce sujet, dans BJGP open, écrite avec des collègues dont Amanda Howe, peut être consultée sur https://bjgpopen.org/

Alors que le virus poursuit son chemin, nous continuons à apprendre. Nous avons déjà parlé de la préparation aux catastrophes à plusieurs reprises et il est juste de le mentionner à nouveau. Il existe une vaste gamme de professionnels qui travaillent sur les caractéristiques de ce virus, sa transmission et sa propagation potentielle. Des scientifiques de nombreuses agences et organisations respectées collaborent pour développer et prévoir, utilisant des algorithmes de plus en plus affinés. Le traitement des cas existants et des cas potentiels sur le terrain nécessite un autre type d'expertise. Les personnes impliquées dans le traçage de contacts forment un groupe distinct mais tout aussi crucial de la dynamique visant à réduire et à contenir la propagation du virus. Nombreux professionnels hautement qualifiés, tous poursuivant le même objectif. Et pendant qu'ils y travaillent, les habitants du monde continuent à vivre et à présenter des maladies « normales » qui doivent également être évaluées, diagnostiquées et traitées.

Il est important que nous écoutions les sages conseils de Michael Ryan, directeur exécutif du programme des urgences sanitaires de l'OMS. Calme face à un environnement qui évolue rapidement, Michael Ryan exhorte le secteur de la santé mondiale à tirer les leçons de cette épidémie. Il fait valoir que si le monde réagit bien à chaque apparition d'un virus grave, une fois qu'il est contenu, les leçons sont souvent perdues. Les professionnels reprennent leur travail normal ; les personnes recrutées pour aider sont licenciées ; lorsque l'épidémie devient gérable, les systèmes de santé reprennent leur fonctionnement antérieur. Tout le monde est épuisé et soulagé. Le monde ne tire pas les leçons des épidémies. Au contraire, Michael Ryan exhorte chaque pays à tirer les leçons des connaissances acquises au niveau mondial, à les intégrer dans la formation des professionnels de la santé et dans leurs programmes de formation continue.

Alors que le COVID-19 persiste, je demande trois choses à nos médecins de famille. Tout d'abord, qu’ils se tiennent au courant des dernières informations fiables disponibles. Deuxièmement, qu’ils utilisent leurs compétences et leur expertise à bon escient. Et troisièmement, qu’ils soient prudents. Tout le monde a besoin de son médecin de famille à ses côtés dans un monde de plus en plus inquiétant. Nous sommes, comme toujours, les premiers arrivés et les derniers partis, quels que soient les défis auxquels nos communautés sont confrontées.

Dr Donald Li

Traduit de l’anglais par Josette Liebeck
Traductrice certifiée NAATI